De Virgile Stark
C'est en mai 2015 que parait ce livre écrit par un bibliothécaire qui a passé, nous dit-on, plus de dix ans à la Bibliothèque Nationale de France.
Dès le premier paragraphe de son prologue, l'auteur résume son propos entre ces lignes :
La technologie est ainsi dès l'abord mise en italique, elle se voit déjà isolée des autres caractères comme une étrangère pour l'auteur qui se retrouve bien vite en territoire qui lui est plaisant et agréable, il délit sa langue et ouvre ses sens pour accueillir le parfum du livre.
L'on comprend alors que c'est une opposition entre livres et son pendant numérique que nous allons lire, mais c'est une guerre bien subjective pour qui débute ainsi son prologue.
Cela se confirme par la suite, l'auteur cherche des arguments, fait l'inventaire des qualités de la liseuse numérique pour aussitôt les écarter violemment : quid de la mémoire électronique – capable de vous faire transporter 1000 ouvrages de tous poils dans un si petit objet ? À cela, l'auteur rétorque :
Et le voilà lancé à préconiser la lecture d’œuvres complètes plutôt que de s’embarrasser d'ouvrages encombrants pour vos voyages, à prétexter qu'ouvrir 20 livres c'est être chercheur et c'est donc travailler chez soi, à objecter que s'il on possède des dictionnaires alors les outils de traduction et de définition présents sur la tablette sont superficiels... La liseuse comme grande divulgatrice, sur les réseaux sociaux, de nos penchants littéraires semble être la lie de ce calice numérique ; étrange pour un homme qui s'empresse d'écrire un livre pour communiquer ses humeurs à ses contemporains.
Que peut le livre face à la liseuse ? Pour l'auteur, le livre est un objet sacré dont il est éperdument amoureux, il possède une aura qu'une machine ne saurait fabriquer. Mais le livre est de plus en plus délaissé, un chapitre est consacré à une énumération de chiffres sans appel : la lecture se fait plus rare chez les jeunes gens, les bibliothèques sont de moins en moins fréquentées. Pour l'auteur, la raison de ces pourcentages en berne est simple : le numérique, l'informatisation à tous les étages de nos vies. Même les numérisations à gogo de notre patrimoine littéraire ne trouvent grâce à ses yeux, car à quoi bon rendre accessible en un clic ce qui était accessible en de multiples endroits et à quoi bon rendre accessible des livres si les usagers du livre se font rares ? Il est étrange que cette raréfaction de lecteurs ne calme pas la bile de notre auteur vis-à-vis des liseuses, car après tout une liseuse sert bien à lire, non ?
Et si raréfaction il y a, Virgile Stark va plus loin en comparant les meilleures ventes de livres actuels – il cite Musso, Levy, Brown - aux livres primés ou justes édités du siècle dernier – il cite Proust, Apollinaire, Colette. Comment peut-on se rabaisser à de tels arguments ?
Stark se méfie de ces collaborateurs-bibliothécaires qui acceptent le tout numérique, il les dépeint comme des cyberpompiers en référence à "Fahrenheit 451" de Ray Bradbury, à des collabos de l'effacement, pyromanes du livre objet. De la même façon, il se rêve résistant du même livre dystopique, livre-personne, cacheur de livres.
L'épilogue se fait tout aussi amer que le prologue et le corps de l'ouvrage : Virgile Stark se brosse en quelqu'un de dépassé et d'inadapté, de radoteur grincheux et mélancolique.
Il est dommage que ces 207 pages de réticence trouvent davantage à ruer dans les brancards qu'à examiner tête froide la situation littéraire en se montrant plus objectif ou, au contraire, à délaisser plusieurs valises intellectuelles qui desservent en l'état une peur ardente toute subjective.
Il est finalement amusant ou dommage de savoir que cet ouvrage, paru aux éditions Les belles lettres, s'octroie une commercialisation en e-book en plus du livre imprimé.
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Envoyer une facture papier n'est pas écologique, lire sur une liseuse préserve les forêts, s'abonner numériquement à son journal préféré est bon pour l'environnement, etc. La COP21 qui se t...
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