« Ludwig, un roi sur la lune » est un texte de Frédéric Vossier mis en scène par Madeleine Louarn, directrice de l'atelier Catalyse, un atelier qui travaille avec des acteur handicapés. Si Madeleine Louarn a l'habitude d'emmener sa troupe sur des écritures complexes et généreuses comme Shakespeare, Beckett, Pouchkine ou Aristophane, elle travaille cette fois sur un texte de Frédéric Vossier qui bribe, éclate, transmet ou donne quelque chose de ce qui fut Ludwig II de Bavière, roi du 19ème que l'on dit fou, autiste, à l'homosexualité réprimée, solitaire, architecte de châteaux extravagants, mécène de Richard Wagner…
L'espace est en bi-frontal : un couloir avec d'une extrémité l'image du château de Neuschwanstein, les musiciens Rodolphe Burger et Julien Perraudeau sur un promontoire en bois clair qui vallonne pour venir mourir sur un tapis de danse sombre qui continue jusqu'à heurter un mur gris, presque chromé, légèrement réfléchissant, qui dispose d'une ouverture, une sorte de porte, d'orifice auquel se rattache une longue table noire sur roulettes.
Le travail de Louarn se situe dans un étrange équilibre entre les comédiens au prise avec le texte de Vossier, la musique et la voix enveloppante de Rodolphe Burger et le travail chorégraphique de Loïc Touzé et Agnieszka Ryszkiewicz.
Cet équilibre amène une douceur mélancolique, une belle écume lunaire qui transporte les comédiens.
Le texte de Vossier est constitué de bribes, d'une poésie emphatique et claironnante. Une poésie qui sied magnifiquement à Ludwig, personnage double incarné par un jeune acteur et par un acteur plus âgé, car elle rappelle son journal fragmentaire ou ses lettres plus emphatiques ; mais cette poésie me pose problème quand elle est donnée aux autres personnages, suite du roi, Wagner, Sissi… car à cet endroit, on retrouve une tentative de raconter quelque chose qui serait biographique mais qui échoue totalement. C'est là que le bel équilibre de Louarn se casse à mon sens : une solitude lunaire brisée par cette suite qui ne parvient jamais à raconter l'histoire de ce roi.
Nous aurions pu rester avec ce double Ludwig qui s'amuse avec son épée, se couvre de fleurs, pense à la lune et se désespère d'être aussi seul.