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La culture depuis Saturne
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Le jour du grand jour / Dromesko

Le jour du grand jour / Dromesko

Le jour du grand jour / Dromesko

Le théâtre Dromesko est en itinérance depuis plus de vingt ans, il vient de Zingaro, la compagnie équestre de Bartabas. Depuis 1998, Dromesko dispose d'un campement à St Jacques de la Lande, une fabrique où se bousculent les structures, de la volière aux multiples baraques.

"Le jour du grand jour" est la dernière création de Dromesko, elle prend son envol en 2014 et depuis tourne dans sa petite baraque en bois, sorte de grand et beau chalet perdu dans des montagnes enneigées. Aujourd'hui, la baraque s'installe à Caen derrière la Halle aux granges (espace du CDN de la ville) et s'inscrit dans un double programme : celui du festival "Éclats de rue", festival qui s'est tenu tout l'été à Caen, ainsi Dromesko succède à ce qui est pensé comme final, soit le spectacle "La traversée" de la compagnie Basinga ; et celui du CDN de Caen, ainsi Dromesko précède l'ouverture de la saison symbolisée par sa présentation qui se tient le vendredi 09 septembre. Une drôle de programmation qui tient Dromesko dans un entre-deux, un ailleurs qui lui va bien, tout à la fois l'épilogue et le prologue, soit un enchainement entre deux histoires.

"Le jour du grand jour" : nous sommes installés dans cette baraque en bois, en bi-frontal, pour voir un enchainement, justement, une succession de motifs qui se suivent sans faillir grâce à la rime des corps, des objets, des sons, de ce qui passe, reste, tangue, danse dans cette allée. Exquis cadavre à la thématique du grand jour, de l'événement petit ou grand : on passe du conseil municipal, à l’inauguration, à la fête, au repas de famille, à la prédication, au mariage, au cortège funèbre, au banquet... C'est un fil qu'on tire, un voile qui se dévide emportant tout avec lui.

Ce sont donc des motifs, des instants qui arrivent à s'enchainer grâce à la rime ou plutôt grâce à ce qui reste du motif précédent et qui est ainsi repris et intégré au motif suivant.

Un mariage a lieu, discours du prêtre en compagnie du couple, l'homme se met à courir autour de celui-ci, la femme le poursuit, dévidant le tulle de sa robe autour du prêtre jusqu'à ce qu'il soit momifié, la femme part, l'homme emporte la momie hors de la scène (fin du motif), une momie tombe sur scène, est utilisée pour un cortège funèbre, prêtre momifié de tulle devenu cadavre en linceul, etc...

Ce procédé permet de travailler la métamorphose en toute fluidité, tout particulièrement lors d'un défilé de personnes en robes de mariées où l'on dévide femme, homme, géante, naine, bas du corps, haut du corps qui suit, squelette...

Il s'agit donc moins d'une structure narrative, soit un récit, que d'une structure chorégraphique, soit une émotion, une situation via l'organisation des corps.

"Le jour du grand jour" dévide ainsi jusqu'au porc qui déroule le tapis rouge pour la fête, le mariage et la mort. La mort magistrale dans l'apparition funèbre du marabout de Dromesko, échassier massif, tête nue pareil au vautour, au pas tranquille dans la pénombre.

"Le jour du grand jour" dévide ainsi jusqu’au banquet et au toast porté aux spectateurs avant de saluer pour mettre fin à un très beau spectacle.

Santé !