"La folle journée, ou le mariage de Figaro" de Beaumarchais, suite de son "Barbier de Séville", est, de longue date, utilisé comme manifeste révolutionnaire, germe d'une contestation qui ira jusqu'à couper des têtes. La pièce a été écrite en 1778, longtemps censurée par le roi et enfin jouée au théâtre de l'Odéon en 1784.
La cause de cette censure royale tient dans l'argument même : un comte a aboli le droit de cuissage dans son domaine mais prévoit néanmoins d'en user sur sa servante Suzanne, fiancée de Figaro. Ce dernier va contester l'autorité de son maitre, ce qui donnera lieu à toutes péripéties, intrigues, quiproquos et le plus long monologue du théâtre français d'avant Révolution.
Parce que vous êtes un grand seigneur, vous vous croyez un grand génie !… noblesse, fortune, un rang, des places, tout cela rend si fier ! Qu’avez-vous fait pour tant de biens ? vous vous êtes donné la peine de naître, et rien de plus.
Le jeune metteur en scène Rémy Barché choisit de ne pas trop prêter l'oreille au pamphlet révolutionnaire mais essaye de restituer au mieux toute la complexité de cette pièce et l'ambivalence d'une folle journée où on se joue de l'autorité plus qu'on ne l'attaque. Ridiculiser le maitre est l'occasion de faire la fête et non la révolution. Cette situation évoque à Rémy Barché notre société :
La gaieté et la volupté avec lesquelles (Beaumarchais) raconte la vie de château me semblent tout aussi intéressantes que la colère avec laquelle il dénonce ses dysfonctionnements et ses hypocrisies. Cette ambivalence me semble très actuelle : nous ne sommes pas prêts à nous défaire des attributs et des pouvoirs que nous dénonçons pourtant avec lucidité.