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La culture depuis Saturne
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71 ème festival en Avignon - programme, édito et coup de gueule !

71 ème festival en Avignon - programme, édito et coup de gueule !

71 ème festival en Avignon - programme, édito et coup de gueule !

L'année dernière, nous avions consacré un article à la pré-programmation du 70ème festival en Avignon. (Article disponible ici) Nous nous étions interrogé quant à la présence du directeur, Olivier Py, au sein de sa programmation, allant parfois à s'auto-programmer sur 5 propositions, et nous avions posé cette question : comment, alors, peut-on prétendre amener un public à un endroit autre qu'à soi-même ?

La programmation, ça n'est pas anodin, ça n'est pas une liste hasardeuse, c'est déjà un acte artistique en soi car il s'agit de l'articulation d'une pensée, l'articulation d'une réflexion menée, pour un festival de cette ampleur, durant de longs mois.

Alors il y a de quoi s'interroger, une fois de plus, sur ce nouveau programme flanqué de son édito.

Il y a de quoi s'interroger avec lassitude face aux 2 propositions du directeur ("les parisiens" à la Fabrica et "Hamlet" à la maison Jean Vilar) et à la présence d'Olivier Balazuc, comédien pour Olivier Py à de nombreuses reprises. 

Il y a de quoi s'interroger face à la présence de l'ancienne ministre Christiane Taubira, qui signera le "feuilleton théâtral" (manifestation quotidienne en accès libre).

Il y a de quoi s'interroger face aux relents républicains et catholiques de l'édito.

Il y a de quoi s'interroger profondément face à l'acte de programmation suite à la promesse d'un festival tourné vers l'Afrique subsaharienne, car en résulte l'absence pure et simple de théâtre africain, l'Afrique étant uniquement représentée par plusieurs propositions en danse et en musique. Nous mettons en lien à cet article la colère de l'artiste Dieudonné Niangouna sur ce point de la programmation.

Quelle bêtise a bien pu pousser Olivier Py à réduire la voix du continent Africain à de la danse et à de la musique alors que c'est à ça que le colon blanc réduisait l'Africain ? Mais après tout, le responsable d'un pays a bien pu tenir un discours à Dakar en 2007 sur lequel il y avait bien de quoi s'interroger profondément.

 

La force du théâtre, en tant qu'Art et en tant que lieu, est d'aller contre, est d'essayer d'aller contre la grande distribution culturelle ; est d'essayer de créer du sens et du lien là où il n'y en a pas ou plus, là où ça s'effrite, là où ça se fissure ; est d'essayer de proposer de nouvelles façons pour vivre ensemble, d'inventer, de créer, d'imaginer un vivre ensemble ; est d'essayer de réinventer le politique grâce à cette rencontre, car le théâtre c'est fondamentalement ça : la rencontre entre des spectateurs et des comédiens, la rencontre entre des gens qui vont se parler autrement et peut-être s'écouter mieux pour vivre mieux, ensemble.

 

Alors il y a un problème quand un édito dit que " Les œuvres d'art disent la vérité et quand nous avons soif de vérité, quand il nous semble que toutes les perspectives politiques sont devenues trop outrageusement réalistes pour être honnêtes, les œuvres d'art deviennent la seule vérité qui ne nous accable pas."

Il y a un problème quand la promesse orgueilleuse de présenter au public la vérité s'accomplit en invitant Christiane Taubira et sa sélection de textes de droit, en réduisant la force artistique d'un continent et en contraignant encore et toujours une programmation à la présence artistique de son directeur.

Si le festival d'Avignon est devenu le lieu où l'on assène la vérité c'est que les papes y sont revenus et que les comédiens en sont partis.