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La culture depuis Saturne
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6 A.M. How to disappear completely / Blitztheatregroup

6 A.M. How to disappear completely / Blitztheatregroup

6 A.M. How to disappear completely / Blitztheatregroup

« 6 A.M. How to disappear completely » (6h du matin Comment disparaître complètement) d'après « Ménon pleurant Diotima » d'Hölderlin et mis en scène par le Blitztheatregroup, un collectif grec formé en 2004.

Si le poème d'Hölderlin évoque la quête, l'inquiétude… le Blitztheatregroup semble se raccrocher bien davantage à l'influence du film « Stalker » de Tarkovski sorti en 1979.

« Stalker » : suite à un accident dont on ignore tout, il y eut la zone, un lieu en quarantaine considéré comme dangereux mais qui abrite en son coeur, une chambre où tous les souhaits peuvent être réalisés. Un écrivain et un professeur de physique payent un stalker, un passeur, pour pénétrer dans la zone. Une fois sur place, le stalker semble être le seul à comprendre la zone qui doit être arpentée selon des règles particulières et contraignantes.

"Stalker" de Tarkovski
"Stalker" de Tarkovski
"Stalker" de Tarkovski

"Stalker" de Tarkovski

« 6 .M…. » débute avec un faible soleil sur une maigre étendue caillouteuse, une sorte de petit robot est comme échoué sur cette planète et déploie sa drôle d'antenne, une femme est là, elle est blessée à la tempe, du sang coule, elle porte une hache, ses yeux sont fermés. Elle récite le poème d'Hölderlin. Finalement un homme vient la chercher et la fait sortir.

L'espace s'ouvre sur un chantier de métal, échafaudage, tôles, puits, caillasse, câbles, cordes de pendu, perches… Sept personnages arpentent cet espace et l'utilise pour, semble t-il, communiquer avec lui, trouver une sortie ou quelque chose d'autre..

La force de « Stalker » est de réussir à créer, avec peu, cette zone pour en faire un personnage à part entière. C'est un film qui fascine et inquiète alors qu'il est dans une économie de réponses et de narration. La zone se mérite et surprend, on risque sa vie pour y aller, on vient d'une ville crasseuse et terne filmée en sépia et on arrive finalement dans cette zone verdoyante filmée en couleur. Elle est là, à la fois apaisante, un bout de campagne grasse, et inquiétante par son impénétrabilité.

La faiblesse de « 6 A.M. ...» est de manquer cette zone comme personnage. Ce manquement est malheureusement de taille car il empêche tout lien, tout sens où juste l'appauvrit terriblement. Car c'est essentiellement de la caillasse sur laquelle les personnages ont installés leurs outils dont ils usent à leur façon pour provoquer quelque chose qui ne représente que peu.

Reste cette première séquence au crépuscule de l'humanité, un soleil malade et terne, une femme avec une hache.

Reste cette dernière séquence où un homme se tient avec sa hache face à un mot écrit en néon, un mot dont la lumière bleutée inonde ce paysage manqué : « enthousiasme ».